10 raisons pour confier votre poème à un écrivain (partie 1)

Publié le 4 octobre 2025 à 15:03

10 raisons de confier l’écriture de son poème à un écrivain ? Première partie.

 

1 — Un écrivain sait jouer avec le rythme, la musicalité et les images

Prenons comme exemple le poème suivant, intitulé La peur.

 

Quand la rue sent la pluie froide

Qui gèle dans l’air, avant de toucher le sol, 

Elle te demande, en cette heure maussade,

Peut-être sous l’effet de l’alcool:

 

“Toi, qui ne boit pas l’eau d’un dieu vengeur,

Qui voyage seul, sans regarder derrière lui

Sur les chemins sinueux de la vie,

Oui, toi, de quoi as-tu vraiment peur ? 

 

De la foudre qui précède le tonnerre ?

De la solitude ? De la guerre ?

De l’agonie menant à la mort?

Que tes enfants t’abandonnent et t’ignorent ?”

 

Je regarde la théière sur la table de bois

En esquissant un sourire inquiet.

“Il n’y a qu’une chose qui m’effraie:

Ne plus pouvoir écrire quoi que ce soit.

 

Dans ce poème, je cherche à faire ressentir une atmosphère avant même que le sens se déploie. Dès le premier vers — « Quand la rue sent la pluie froide » — je convoque une image sensorielle : une odeur, un froid, une pluie suspendue. L’image est presque paradoxale (la pluie qui gèle avant de toucher le sol), et elle installe un climat étrange, entre réalisme et irréalité. J’aime jouer avec ce flottement, car il donne l’impression d’être dans une frontière fragile entre le monde concret et le monde intérieur.

La musicalité est essentielle : j’utilise des sonorités qui se répondent. Les allitérations en r et en s — « rue », « pluie », « froide », « gèle », « sol » — créent une impression de souffle glacé, de rugosité, qui colle à l’ambiance de la scène. Les rimes, souvent croisées ou alternées, donnent un balancement, un peu comme une incantation.

Le rythme de la langue, lui, repose sur des phrases courtes que je casse ou relance avec des interrogations. Quand j’écris :

« De la foudre qui précède le tonnerre ?

De la solitude ? De la guerre ? »

je module le tempo. On sent l’urgence, la répétition lancinante d’une voix qui presse, qui exige une réponse. Ce martèlement intensifie la tension.

Enfin, je joue avec le contraste : la gravité des grandes peurs — la mort, la guerre, l’abandon — se brise contre une image simple et presque banale : « la théière sur la table de bois » qui ancre le poème dans une scène intime, presque triviale, et c’est là que je révèle ma vérité. Ce décalage rend la chute plus forte :

« Il n’y a qu’une chose qui m’effraie :

Ne plus pouvoir écrire quoi que ce soit. »

Ainsi, les images passent du cosmique au quotidien, la musicalité oscille entre gravité et douceur, et le rythme épouse les battements de la voix intérieure.

 

Voilà une des raisons pour lesquelles il est préférable, lorsque l’occasion en vaut la peine, de s’offrir les services d’un écrivain.